L'envers du feu

"Les grands incendies sont une espèce en voie de disparition. Ils se propagent à la vitesse du vent et de la nuit. Leur souveraineté soumet l'espace. Pareils aux météorites et au désir, leur dangerosité, leur degré de combustion, leur trajectoire sont imprévisibles. Dévastation. Régénération;

Nous sommes de même nature ; des feux."

"Thriller psychanalytique, romant initiatique, histoire d'une passion, quête de soi, labyrinthe de mensonges et de faux-fuyants, de souvenirs écrans, ce suspense qui emprunte aux arcanes de l'analyse nous mène de Brooklyne jusqu'aux confins du Caucase à la poursuite d'une mystérieuse disparue."nous dit la quatrième de couverture.

Anne Dufourmantelle glisse l'air de rien, dans ce magnifique roman qui nous tient en haleine le long de ses 345 pages, des petites lumières qui nous parle du chemin de la psychanalyse. Je ne résiste pas à en partager quelques unes :

"A qui est réservée cette connaissance de soi ? Rareté du courage de qui interroge sa propre histoire. Voie abrupte. Toute la sécurité d'une vie s'y refuse, et la conscience avec, qui obtempère"

"Lacan disait que l'ignorance c'était une passion au même titre que l'amour et la haine. Elle engendrait des monstres."

"Découvrir la trame invisible de nos répétitions, c'est ne plus s'embarrasser des prétextes qu'elles offrent à la conscience. Elle voudrait lui dire que ce n'est pas pour se faire mal qu'on se heurte aux mêmes murs plusieurs fois dans sa vie. Pas de masochisme secret dans l'inconscient, elle n'y croit pas. Mais un désir de réparation qui nous fait revenir là où ça s'est brisé, pour comprendre. Et tenter de rejouer à nouveau la partie. Seulement à ce jeu, on risque beaucoup. Le risque est d'ignorer les chaînes. Or c'est au lieu même de la fatalité, comprise comme telle, que les chaînes peuvent se défaire et là, s'ouvrir des paysages."