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La psychanalyse, à quoi ça sert ?

Dans "Et toujours elle m'écrivait", Jean-Marc Savoye raconte avec pudeur et élégance ses trois cures analytiques.

Jean-Marc Savoye, éditeur parisien chez Gallimard puis Hachette, fondateur des éditions en ligne Le Publieur, y raconte ses trois psychanalyses successives. Trois cures aux tonalités bien différentes en raison de son avancée, mais aussi de la personnalité de chacun de ses analystes. Son parcours initiatique se termine par une thérapie à laquelle il ne croit pas au départ, l’EMDR, qui nouera pourtant la gerbe de ses traitements et lui permettra de parvenir, enfin, où il espérait arriver.


A chaque page, on veut connaître la suite. Apprendre son histoire, découvrir les nœuds serrés autour de sa vie, comprendre avec lui les arrêts sur image et les mots qui tuent. Analyser et essayer de débloquer les mécanismes grippés. Elément inédit, on y est aidé par Philippe Grimbert. Le psychanalyste – célèbre pour son roman Un secret et son adaptation au cinéma avec Patrick Bruel et Cécile de France – est le troisième thérapeute de Jean-Marc Savoye. Il intervient dans le texte pour souligner tel ou tel palier de l’analyse, en pointillé, sans du tout voler la vedette à son patient. En éclairant au contraire sa démarche, parfois vacillante, souvent douloureuse.


Compulsion de répétition qui le conduit d'échec en échec tant sur le plan amoureux que lorsqu'il s'agit de gravir une montagne.


Il comprend pourquoi l’échec surgit toujours sous ses pas: «Il y avait dans ce sentiment de ne pas atteindre mes rêves quelque chose de familier. Une fois encore, je passais tout près. Le bonheur était à portée de main. Le sommet était là. Je le voyais. Une fois encore, il n’était pas pour moi.» Un poste enviable chez Gallimard? Jean-Marc Savoye constate: «(…) Je passais le plus clair de mon temps à contempler mon imperméable accroché à une patère fixée près de la porte. Je restais là des heures, les yeux rivés à ce machin mastic sans forme qui pendait là, aussi vide et mou que mon esprit.»


Et puis il y a ces secrets toxiques: «J’étais donc bien le fils de mon père (…), mais elle (ma mère) refusait d’oublier que je fus conçu contre son désir. Elle tenait à ce que je le sache et que je m’en souvienne.» Revient donc inlassablement la phrase rituelle maternelle: «Tu es le portrait craché de ton père.» Ce crachat-là, on s’en doute, n’a rien d’innocent.


L’auteur se dévoile mais ne s’exhibe jamais. La pudeur est partout dans ce beau récit autobiographique, bien écrit, sans pédanterie, sensible et généreux. Oui, généreux. Car en nous offrant son histoire, en nous montrant sa voie, Jean-Marc Savoye allume des balises lumineuses le long du chemin. Il trace sa route et prépare celle de ceux qui auront envie d’emprunter un chemin similaire. Il part en éclaireur, comme ces sherpas qui quittent le confort factice du camp de base et montent devant préparer le bivouac. Il y est arrivé, lui, au sommet. Il a gravi le Mont-Blanc, son rêve. Enfin. Et il connaît aujourd’hui sa plus grande victoire sur lui-même: ce livre que l’on tient en main."


Notes de Pascale ZIMMERMMAN



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