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Éloge du risque


J'aime la pensée libre de cette femme philosophe et psychanalyste, qui toujours nourrit la mienne. Sa belle plume ne gâche rien à l'histoire qu'elle raconte en courts chapitres essaimés de vignettes cliniques qui illustrent superbement son propos accessible à tous.

Quelques titres de chapitres pour vous donner l'envie de la lire :

- Risquer sa vie

- Servitude volontaire et désobéissance

- Risque zéro ?

- Ce temps qu'on dit perdu

- Au risque d'être libre

- Au risque d'être charnel



........etc.......




Et un extrait pour nourrir encore plus votre désir de la lire...



Quitter la famille

" (...) Fonder une famille, oui, reste l'engagement suprême. Nous nous prosternons sur l'autel d'une éternité immobile où le prince charmant étreint Blanche Neige sous un ciel de plomb et la promesse des nains pleureurs qu'ils auront beaucoup d'enfants. Nous applaudissons. Gala et VSD ont remplacé le père Grimm, mais rien n'a changé ou presque. On quitte amour et enfants mais on ne quitte pas sa famille, on se perpétue entre soi, artistes ou médecins et sous des conduites appliquées on fabrique d'éternels adolescents, de petits clones sérieusement appliqués à répliquer leurs aînés, quand même.

Quitter sa famille, son origine, sa ville natale, le déjà vu et l'assurance d'une familiarité sans fracture - quelle vie singulière n'est-elle pas à ce prix ? D'être infidèle à ce qui vous a été transmis par amour mais ordonné, psychiquement, généalogiquement, sous peine de destitution. L'épreuve initiatique d'une seconde naissance reste toujours et plus que jamais nécessaire. Il nous faut partir, nous défaire de nos codes, nos appartenances, notre lignée. Toute œuvre est à ce prix. Et tout amour je crois. La dépression est l'envers de se quitter. C'est ne pas pouvoir se déprendre, se défaire, se délester à temps, s'abandonner à l'ailleurs pour risquer sa vie. (...)"



Anne Dufourmantelle a trouvé la mort le 21 juillet 2017, sur la plage de Pampelonne, près de Ramatuelle (Var), dans des circonstances tragiques en portant secours au fils d’une de ses amies âgé de 10 ans,

"C’est dans un livre de 2011, L’Eloge du risque (Payot), qu’elle développe ce qui a été son engagement le plus émouvant. Elle y commente en effet la célèbre phrase d’Hölderlin : « Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve » pour affirmer que ce temps du risque – celui des résistants – serait le contraire miraculeux de la névrose. Prendre le risque d’aimer, de vivre afin de s’extirper de toute dépendance, tel serait pour le sujet l’essentiel de toute forme d’éthique. Anne Dufourmantelle aura eu, jusque dans cette mort tragique, le courage de se saisir du magnifique poème d’Hölderlin." Elisabeth ROUDINESCO in article du monde du 24 juillet 2017


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